Challenge Accepted....

« Atteeention, j'arrive ! » Je ris légèrement et pénétrai dans le salon, sautillant presque. Sur le canapé, ma fille Ivy et son oncle m'attendaient. Ils me regardèrent tourner sur moi-même. J'étais habillée d'une robe noire et de talons, je sortais ce soir, et pas avec Johann. Non, ce soir je voyais Noah, un ami de Perth. Je n'y étais pas depuis longtemps mais avoir retrouvé tant de gens de Sydney m'avait aidée à m'intégrer. Et puis j'étais en couple avec le garçon le plus beau, le plus populaire, le plus aimé, le plus connu, le plus parfait de cette ville, non ? Cette pensée m'arracha un rire. Certes, j'exagérais peut-être un peu, mais l'idée de sortir me mettait de bonne humeur. Depuis que j'avais eu Ivy, ce n'était plus aussi simple, surtout que j'habitais aujourd'hui loin de mes frères. Enfin, ils acceptaient de venir la garder de temps à autre.
Sous les applaudissements et remarques de mon petit public, j'attrapai mon sac, virevoltant toujours et les rassurai. Non, je ne comptais pas tromper Johann, oui, j'avais le droit de me faire belle même quand il ne me surveillait pas, et oui, Noah savait que j'étais en couple. Je déposai un baiser sur la joue de mon frère, le remerciant encore de garder la petite, puis pris cette dernière dans mes bras, lui faisant promettre de ne pas faire de bêtises et de surveiller son tonton. La laisser, même en sachant pertinemment qu'elle était entre de bonnes mains, m'infligeait un affreux pincement au cœur. Je la couvris de bisous et m'écartai, repensant à la fête des mères et à son magnifique dessin. Ses pensées retombèrent sur son... géniteur, qui ne voulait pas d'elle, et de son bébé. Je secouai la tête, fermai la porte, lançant un dernier « Je vous aime ! », et me promis de penser à autre chose.
Mes pas sonnaient joyeusement au milieu de tous ceux des autres jeunes qui allaient également s'amuser, de rue en rue, je m'approchai du bar. Mon esprit se dirigea vers Noah qui devait m'attendre, j'étais légèrement en retard. Nous nous connaissions depuis mon arrivée à Perth. Je ne sais plus exactement comment nous nous étions rencontrés... Le connaissant, il avait sûrement du me draguer. Me connaissant, j'avais sûrement du le rembarrer. Et puis nous avions quand même fait connaissance, et un petit jeu s'était rapidement installé. Le fameux Cap ou Pas Cap. Je n'étais pas encore en couple avec Jo', mais je l'aimais déjà, ce qui avait rapidement posé une petite limite de mon côté. Il n'y aurait rien de sexuel dans mes défis. Noah lui m'avait dit qu'il acceptait tout.
Un son creux m'arracha de mes pensées, rapidement suivi de ma cheville qui se tordit. Un petit cri de douleur s'échappa de ma bouche et je me penchai pour la prendre entre mes mains. « Et merde ! » Un pincement au cœur recouvra rapidement la douleur dans ma jambe : mon talon était cassé. Ces chaussures ne m'avaient pas coûté affreusement cher, mais c'était ma paire préférée. Je restai un petit moment accroupie, mon talon dans une main, le reste de la chaussure dans l'autre, observant le massacre. Mon esprit tourna en rond quelques seconds, puis j'haussai les épaules et déposai mes deux chaussures dans mon sac. Mes pieds vinrent rencontrer le bitume, je ris. Je devais avoir l'air d'une défoncée, ou d'une clocharde, les pieds à l'air. Les gens me regardaient étrangement, j'évitais les chewing-gums, sautillant comme une gamine. Regardant par terre, je ne pus éviter un homme, visiblement pressé. La collision le fit râler, tandis que je riais toujours. Je secouai la tête encore une fois et avançai vers le bar, de bonne humeur, le vent me rafraîchissant jusqu'aux doigts de pieds. Je me faufilai derrière quelqu'un qui poussa la porte et cherchai mon ami des yeux. Le sol d'un coup plus froid me fit frissonner. Amusée, j'aperçus le blond assis au bar, m'attendant avec sa dégaine habituelle. Je sautillai jusqu'à lui et lui claquai un bisou sur la joue « Coucou beau gosse » . Je lui souris. Il n'y avait rien d'un flirt dans mes propos. J'aimais l'appeler comme ça simplement parce qu'il jouait au beau gosse à longueur de journée. Et il savait aussi bien que moi que je ne le draguais pas. Je m'assis à côté de lui, remontant mes pieds nus sur la barre du tabouret, mes orteils se tortillant. Je l'observai une seconde, souriant toujours. J'aimais ce jeu Cap ou pas Cap, il réveillait mon grand côté enfantin et enflammait mon caractère têtu. Et il m'était agréable d'être avec Noah, ne serait-ce que pour boire un verre. Ce garçon était marrant, je savais que je ne me prendrai pas la tête avec lui. «Tu vas bien ? »